Deux ans après son album Le Printemps Suivant, la plus mode des illustratrices françaises, Margaux Motin, nous comble avec son tome 2. On mourrait d’envie d’en savoir plus sur sa nouvelle vie, son mec et les petites pierres qu’elle collecte.
Parle-nous de ton style de dessin qui a beaucoup changé depuis J’aurais adoré être ethnologue, ton premier livre. Comment a-t-il évolué ?
Oh la vache, bonne question (rires) ! Déjà, une évolution simple, c’est que j’ai progressé. Je dessine beaucoup mieux aujourd’hui qu’avant. J’ai un trait plus fluide et plus souple, peut-être un peu plus proche du dessin d’animation.
Tu as également évolué en termes d’écriture: moins d’humour, plus de poésie.
Oui, cela s’est fait assez naturellement. Quand j’ai quitté Paris, j’ai quitté une énergie citadine, une vie de trentenaire, d’apéros avec les copines, pour quelque chose de complètement différent: la vie à la campagne, le chant des oiseaux, ma vie de couple, ma fille qui a grandi. Il y a une énergie plus intense qui s’est apaisée et donc le ton s’est progressivement modifié.
Et comment as-tu vécu ce changement de vie en parallèle avec le décollage de ta carrière?
Ça a été un terrain vachement propice à la progression de mon travail et à ma carrière, car je suis beaucoup plus en paix dans cette nouvelle vie. Et donc plus à même de gérer ma carrière. Illustratrice et auteure de BD restent des métiers de « l’ombre », je ne suis pas arrêtée dans la rue toutes les trois minutes, ça reste assez facile à gérer. C’est vrai que quand je suis arrivée au Pays basque, mon compagnon Pacco (qui est également illustrateur – NDLR) m’a dit « tu vas voir, tu vas travailler moins et vendre plus. » Je me demandais ce qu’il racontait, j’avais le culte des heures passées à bosser. Mais il avait complètement raison. Je travaille dans de meilleures conditions et je suis plus efficace.
Pacco a-t-il une influence sur ton travail ?
Je ne sais pas trop comment le quantifier puisque nous travaillons et vivons ensemble, nous sommes fusionnels. Il est curieux de tout ce que je fais, il regarde mon travail de très près et n’hésite pas à me questionner pour voir comment aller plus loin. C’est à la fois un coéquipier et un guide. Nous mélangeons beaucoup nos deux activités.
C’est d’ailleurs le personnage principal de ce nouveau tome. Comment gérez-vous vos deux carrières ?
Il vit ça très bien. Il a autant à coeur le développement de sa carrière que le mien. Il est toujours à l’écoute de ce que je veux faire et comment je pourrais le faire. Il n’y a aucun conflit d’ego. C’est très confortable. On vit nos métiers tous les jours. Je peux me mettre à sa place deux minutes: tu vis avec quelqu’un qui marche très bien, ça demande un sacré travail de pouvoir mettre son ego de côté pour avancer.
Quelle est l’importance de la mode pour toi ?
J’adore ça. Pour moi, la mode est un des outils de ma palette artistique. La recherche du look de mes personnages, ce qu’il peut traduire de leur caractère ou d’une situation est primordial. Je passe un temps fou à faire des recherches pour habiller mes personnages. Sachant qu’en vrai, je passe ma vie en legging et sweat à capuches (rires). J’ai des dossiers d’icono avec des photos que je vais chercher un peu partout, ça me passionne.
Tu suis ce qu’il se passe dans l’industrie de la mode ?
Sur Insta, je suis abonnée à des comptes de mode, je suis les fashion weeks, mais surtout les nanas du quotidien. La mode est tellement démocratisée, des tas de personnes ont des looks incroyables et j’adore capter ce que portent les différentes générations. Mon oeil est toujours arrêté par ceux qui ont les allures les plus croustillantes, c’est un vrai reflet de l’époque. Un streetstyle en BD.
Une autre dimension s’est également démarquée dans ces deux derniers albums: la nature. À Paris tu collectais les petites pierres, où en es-tu aujourd’hui ?
Je le fais toujours (rires) ! La nature est importante pour moi parce que j’ai grandi dans ce cadre, je ne suis pas Parisienne de naissance (elle est née en Normandie NDLR). J’ai baigné dans la nature depuis l’enfance, elle a construit ma sensibilité et mon regard sur les choses et c’est essentiel dans mon travail d’artiste.
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Quelle est l’importance d’Instagram ?
C’est hyper important pour plein d’aspects. D’abord, le contact avec les lectrices. Cela me permet d’avoir un retour sur mon travail, mais aussi un soutien, car j’ai beaucoup de retours positifs. C’est aussi un labo dans lequel je peux expérimenter, un cadre hors commande ou hors bande dessinée. C’est mon espace, des portes ouvertes sur mon atelier d’artiste. J’ai un appétit pour ça qui est très fort: si c’était payé, je ne ferais que ça de mes journées (rires).
Quelles sont tes envies aujourd’hui ?
C’est une bonne question. Pour l’instant, je suis dans l’énergie de la sortie de cet album dont je ne me la suis pas encore posée. Je vais devoir envisager les prochains livres que j’ai envie de faire, ça reste le coeur de mon métier. Mais aussi me demander comment j’ai envie de faire évoluer cette fenêtre qu’est Instagram, toujours en mouvement. Je n’ai pas de plan très précis en ce moment: continuer à me développer, à être curieuse et rester dans l’air du temps !
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