Programme de mentorat destiné à des femmes porteuses de projets innovants, cet « atelier digital » – mais partiellement physique, et totalement intelligent – rassemblera du 7 février au 11 mai une soixantaine de participant.e.s, pour investir l’avenir.
Pour Yonca Braeckman, fondatrice d’Impact Shakers
Elle embrasse différents défis sociétaux et environnementaux complexes grâce à l’entrepreneuriat inclusif et à l’innovation en capital, « cette initiative est destinée à encourager l’entreprenariat au féminin, dans un contexte où des chiffres déjà bas ont encore baissé en 2022, sur tous les marchés ». La société de cette gantoise qui a vécu à New York et à San Francisco avant de partager son temps entre Lisbonne et Bruxelles, investit aussi dans des start-ups et monte des projets d’éducation avec des structures internationales. « Nous sommes en train de créer un programme de haute performance visant notamment le développement des nouvelles technologies en Europe, grâce aux forces combinées de Google et du campus digital BeCentral, en partenariat avec ELLE Belgique. Des candidatures nous sont parvenues du monde entier, mais nous portons notre attention sur celles qui pourront se déplacer, d’elles-mêmes, à Bruxelles ».
Cet incubateur nouvelle génération impliquera au moins cinq rencontres physiques entre une trentaine de porteuses de projets et autant de mentors, majoritairement des femmes qui partageront leurs expériences, leurs expertises, et engageront des synergies, prix de soutien à la clé. Avec en ligne d’horizon le développement d’entreprises signifiantes, portées par des profils de personnalités souvent peu ou mal représentées. Des professionnels ouverts, curieux et super équipés bâtissent des rampes de lancement virtuelles et à Bruxelles, à chacune maintenant de faire décoller ses idées.
Désireuse de vous engager dans ce programme de renforcement de l’influence et de la croissance de jeunes entreprises liées à l’innovation ? Les projets peuvent être soumis à la sélection jusqu’au 16 janvier.
Katrien Herdewyn : nanotechnologie et macroexpertise
Originaire de Louvain, cette créatrice de chaussures conceptrice de futur, vit à San Francisco depuis cinq ans. Diplômée en ingénierie avec un master en nanosciences et nanotechnologies à l’Université de Louvain, elle a complété sa formation académique avec un doctorat en sciences associé à des études de mode – design de chaussures – à l’Académie des beaux-arts de Sint-Niklaas. « Je suis arrivée sur la Côte Ouest grâce au Fond Prince Albert qui alloue des bourses permettant entre autres de développer ses compétences dans la ville de son choix, en dehors de l’Union européenne. J’ai choisi la Californie pour son esprit d’entreprise, dont le dynamisme fait écho avec mon expérience en Belgique ».
La première marque et société qu’elle a fondée, Elegnano, combine ses deux formations : l’ingénierie et la nanotechnologie. Elle conçoit des chaussures au design pointu, qui intègrent des procédés de nanotechnologies dans le cuir même : « c’est ce que nous appelons « l’effet lotus ». Cette fleur reste propre même lorsqu’elle pousse dans les eaux les plus insalubres. Nous fabriquons des textures déperlantes, qui résistent à l’eau et à la saleté ». En 2021, Katrien a développé un projet jumeau, pour « faire pousser » du cuir en laboratoire à partir de cellules animales. Alternative au faux cuir synthétique issu de dérivés de pétrole, cette nouvelle matière est une peau biologique « qui grandit avant d’être transformée en cuir, sans tuer d’animaux. Ces recherches représentent un grand potentiel pour la mode, mais aussi pour de nombreuses autres industries. L’avantage avec Elegnano, c’est que contrairement au cuir prélevé sur les animaux, on peut en maîtriser la texture. Quand il tisse des étoffes, l’homme choisit le toucher qu’il veut obtenir alors que pour le cuir, c’est la nature qui décide. Ici, la technologie rend tout possible. » Cooptée par Yonca Braeckman pour intégrer le programme Google Digital Atelier à titre de mentor, cette scientifique entrepreneuse de 35 ans s’attachera à « faciliter la rencontre entre industries technologiques innovantes avec des secteurs de production qui ne sont pas encore habituées à la high-tech. Par exemple, les fashion techs ou l’éco construction ».
Son mentorat : « J’échangerai avec les participantes autour de questions liées à la technologie, à la manière de rester connectées aux autres industries, jusqu’à l’automobile ou l’aéronautique ».
Ce qu’elle attend du projet Google : « Je dirige deux sociétés, et j’ai toujours été très intéressée par ceux qui lancent des projets, ceux qui sont issus de minorités, ceux qui ne viennent pas du milieu entrepreneurial ou de familles d’industriels. Je sais combien il est difficile de développer son réseau. Je serai heureuse de partager mon expérience et mon expertise, pour aider d’autres entrepreneuses à grandir plus vite ».
Jasna Rokegem : plurisensorialité multifonctionnelle
Son présent, c’est le futur. Jasna, 30 ans, a quitté la région de Grammont dans l’Est Flamand, pour s’installer Anvers. Elle a mené des études de mode à Rotterdam, et pour sa collection diplômante, a imaginé un concept innovant de vêtements high-tech qui changent de couleur au fil des émotions. Affûtant son expertise de la recherche et de l’expérimentation, elle a participé à plusieurs fashion weeks en Europe, tout en lançant sa société Jasna Rok Lab et en suivant un temps des études en commerce international. « Nous avons fondé le premier fashion lab en Belgique, en 2016 ». Depuis, sa société fonctionne en vivier de free-lances et d’experts en sciences, technologies et « intelligence émotionnelle ». Toujours les meilleurs dans leur domaine, recrutés partout dans le monde pour collaborer à des projets communs avec la NASA, Nokia ou Volkswagen.
Son ambition ? « Créer un tissu universel, écoresponsable, qui puisse prendre toutes les formes et se plier à tous les usages ». Son expertise : l’intelligence émotionnelle des vêtements. Toutes les collections pensées par son entreprise sont le fruit de cocréations entre industries spécialisées. Avec la NASA par exemple, elle a conçu des tissus compatibles avec des interactions dans l’espace. Le 12 décembre dernier, Jasna Rok Lab a présenté à Anvers “Opera on Brainwaves“, le premier opéra multisensoriel. « Il n’était pas seulement question de sons et d’images, mais aussi « d’empathie augmentée ». La mode que nous créons offre à qui la porte la perception de ce qu’il vit à l’intérieur ». Sa société se positionne comme l’une des très rares sur le marché à combiner « Fashion Tech et Emo Tech ». Au quotidien, l’activité de cette équipe d’un Nouveau Mo(n)de produit essentiellement des conseils et des recherches fondées sur les ressources de la Terre, de l’espace, de l’humain ; elle façonne des prototypes, crée de l’expérience. Jasna ne fabrique ni ne vend de vêtements. « Nous pavons le chemin qui mènera la mode vers une nouvelle ère, avec des capteurs sensoriels, une recyclabilité améliorée, de nouvelles voies d’expressions, et de multiples sources d’innovation. C’est une mission inspirationnelle, scientifique et durable qui tourne autour de la question : « comment faire évoluer le futur ? »
Le projet Google est fascinant, parce qu’il travaille sur l’impact de l’innovation. Sollicité elle aussi par Yonca « qui est passionnée par nos travaux de recherche », Jasna a tout de suite accepté d’être mentor, « parce qu’il est fondamental de se soutenir concrètement entre femmes entrepreneuses, il n’est pas suffisant de s’encourager sur les réseaux sociaux. Il est scientifiquement prouvé que les femmes tendent naturellement à être plus empathiques et cultivent plus facilement leur intelligence émotionnelle, qui sont les principales qualités qui feront le monde de demain. C’est un signe important que des sociétés comme Google ouvrent la voie à des femmes qui fondent des sociétés, et les invite à se renforcer entre elles ».
Son mentorat : « C’est le moment pour les femmes de réaliser leur potentiel et d’équilibrer le monde du travail encore très formaté par le fonctionnement masculin. Nous devons massivement développer notre leadership ».
Ce qu’elle attend du projet Google : « Pouvoir générer un mélange de différentes compétences qui créeront une synergie. »
Marie Julie Craeymeersch : production d’événements spéciaux et création d’expérience
Née à Bruges, elle vit à New York depuis sept ans, « à Nolita près de Soho, un quartier très européen et nourri de toute l’énergie de Manhattan ». À 35 ans, elle a déjà posé ses valises à Los Angeles, en Afrique, à Amsterdam. Mais c’est New York, entre toutes les autres destinations, qui l’aimante depuis toujours. « J’adore ce moment de ma vie, où j’ai acquis assez d’expérience pour produire des shows et des événements d’envergure pour les plus grandes marques de luxe, et où tous les possibles sont encore devant moi ». Marie Julie, qui a étudié le management hôtelier, a débuté à 22 ans dans l’hôtellerie de luxe, dans les domaines du marketing et de l’événementiel. Elle a ensuite travaillé pour des agences de création, des magazines de mode, tourné avec des groupes de musique et produit des événements pour des maisons de production telles que villa eugénie et Bureau Betak, qui gèrent parmi les plus gros événements mode et privés au monde. « Ce n’est pas si différent de l’hôtellerie : il est question cultiver un art de la communication (qu’il soit visuel, expérientiel ou verbal, ils ont tous la même importance) et de créer des expériences de luxe uniques qui laissent une empreinte émotionnelle. »
Marie Julie a créé sa société de production d’événements mode and the moon, et collabore à titre de productrice free-lance avec différentes agences d’événementiel à New York : « j’aime combiner les casquettes ». Récemment, elle a été productrice exécutive du premier défilé de Vogue (pour l’agence de production Bureau Betak), qui célébrait le 130e anniversaire du titre. Le show s’est tenu pendant la Fashion Week de New York, avec un public de personnalités choisies et deux cents mannequins de toutes les époques. Ont également participé des cascadeurs, des danseurs, Lil’ Nas X et Serena Williams. Dans les coulisses de la mode, pour la jeune femme, rencontrer Anna Wintour pour un événement Vogue, « c’est l’un des moments que l’on peut cocher sur sa liste ». L’une des dimensions de son métier qui la passionne le plus est la variété de ses missions : « chaque projet est unique, et on doit être capable d’interagir avec des personnalités différentes. A un moment on se tient devant le Président Biden, le suivant, on poursuit des toilettes portables (elle rit : « ne demandez pas dans quel contexte ! »). Il ne faut avoir trop d’ego dans ce métier, qui n’est pas toujours aussi glamour qu’il n’y paraît. Ces extrêmes, c’est ce qui me plaît. Une grande partie de mon travail consiste à écouter le client et son public, son identité de marque, sa culture, et à traduire cela en expériences, avec des services haut de gamme. Certains poussent leurs idées à tout prix, mais moi, je trouve plus intéressant d’écouter, et d’agir ensuite. Je suis du genre « talk less & listen more », très ouverte à ce qui va arriver, et prête à partager ».
Son mentorat : « Les compétences que je mettrai au service de ce laboratoire d’expertises seront celles qui valorisent la curiosité, la production d’événements spéciaux, le marketing de marques et la communication ».
Ce qu’elle attend du projet Google : « J’adore découvrir ce qui motive et émeut les autres, m’entourer d’énergies différentes et de personnes intéressantes, me lancer dans de nouvelles aventures ».
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