Impossible de passer devant la célèbre institution du Cimetière d’Ixelles sans se demander quand la devanture bleu ciel allait enfin disparaître. C’est désormais chose faite. Le El Café vient d’être racheté par LO Group, qui compte démarrer un tout nouveau projet dans ce lieu hautement controversé.
“C’était une évidence dès la signature. Vu le passif de l’adresse, nous voulions la fermer”, explique Thomas Trothen, l’un des associés de LO Group. La boîte d’événementiel possède déjà plusieurs hauts lieux de la capitale : Solar Rooftop, Coucou Bruxelles, Chez Ginette ou encore le rooftop Perché. En 2021, la boîte rachète également La Bastoche, une véritable institution au Cimetière d’Ixelles dont ils décident de garder le nom pour ne rien dénaturer du lieu culte, en y apposant juste “Café” pour y ajouter leur touch.
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Aujourd’hui, LO Group s’est lancé un fameux challenge, puisque le El Café n’a cessé de faire l’actualité depuis un an et demi. En octobre 2021, plusieurs femmes portent plainte pour avoir été droguées à leur insu puis agressées sexuellement dans plusieurs institutions du quartier du Cimetière d’Ixelles. On parle d’abord du Waff et du El Café, mais ce sont bientôt des dizaines d’autres bars à travers la Belgique qui sont concernés. On pourrait parler de « révélation », mais le nombre de témoignages est tel que l’on tend plutôt à se demander depuis combien de temps tout le monde fermait les yeux. Le mouvement #balancetonbar est né. L’initiatrice ? Maïté Meeus. Cette Bruxelloise de 23 ans se rend compte que les récits qui se répandent sur les réseaux ne doivent pas rester des témoignages isolés. Pour que l’indignation collective prenne forme, il faut les centraliser, les mettre en lumière. Elle crée la page Instagram @balance_ton_bar suivi aujourd’hui par 33 k personnes. Sa façon à elle de dire : “Soumissions chimiques, violences sexuelles, agressions… Voici ce qu’il se passe dans le monde de la nuit en Belgique.”
Un symbole du mal-être du monde de la nuit
“La fermeture définitive est une nouvelle dont on peut se réjouir, dont je me réjouis en tout cas personnellement, pour le mouvement #balancetonbar aussi”, déclare Maïté Meeus. “J’encourage les prochains propriétaires à utiliser les outils et ressources mis à disposition comme les formations du plan Sacha”, ajoute-t-elle. Une démarche déjà enclenchée par LO Group qui souhaite “repartir d’une page blanche”. Pendant les deux mois qui précèdent l’ouverture, les trois entrepreneurs ont décidé d’aller à la rencontre des associations pour faire en sorte que ce genre d’événement ne puisse plus se reproduire.
“C’est une victoire dans le sens où le El Café était un symbole de tout ce mal-être au sein du monde de la nuit. C’est aussi la preuve que lorsque les gens se mobilisent, les choses changent”, précise Thomas. “Mais nous ne voulons en aucun cas nous approprier la cause. Simplement continuer ce que nous faisons déjà dans nos autres établissements”. Au programme ? Plan Sacha donc, mais aussi formation du personnel en collaboration avec Brussels by night Federation notamment. “On prend évidemment un risque car cette histoire a marqué les esprits pendant un an et demi. C’est le démarrage du mouvement #balancetonbar, le patient zéro pour ainsi dire, mais la problématique est partout, et nous essayons de sensibiliser le public tant que nous le pouvons.”
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Quid de la suite ?
Le El Café est donc définitivement mort et enterré. Mais à quoi peut-on s’attendre pour la suite ? Le projet n’est pas encore finalisé, nous explique Thomas. “On veut prendre notre temps pour amener quelque chose de neuf. Mais on sait d’emblée qu’il s’agira d’un restaurant festif”. Avec un lieu extrêmement vaste pouvant accueillir près de 200 couverts, le concept devrait donc rester centré autour de la restauration. Un bar et de la bonne musique seront ensuite prévus pour faire la fête. “Le cimetière d’Ixelles est un quartier unique en Belgique, et particulièrement dynamique. On va travailler en collaboration avec la première échevine et probablement le bourgmestre de la commune, car au-delà du El Café, c’est toute l’image de la commune qui a été bouleversée”.
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