Êtes-vous déjà rentré chez vous avec le sentiment qu’une chose n’était pas tout à fait à sa place, que l’organisation n’était pas tout à fait au point ou, pire, que votre intérieur s’était transformé en catalogue IKEA sans même vous en rendre compte ?
Il y a deux ans déjà, on vous parlait de Nafi Rêve. La décoratrice d’intérieur avait le mérite de proposer des intérieurs canons uniquement à partir de meubles et de pièces de déco recyclés ou de seconde main. Exit Sklum, Zara Home et La Redoute, et bonjour les chouettes objets chinés un peu partout, des puces de Bruxelles aux Petits Riens. Ça demande un petit peu plus de temps et d’efforts, forcément, mais pour quel résultat ensuite ! Aujourd’hui, Nafi vient de dévoiler son tout premier livre aux éditions Racine, “Créer votre intérieur en respectant la planète”.
Dans celui-ci, elle développe une méthode qu’elle a inventée : AIBI (Aménagement d’Intérieur Basé sur l’Introspection). “En tant que décoratrice d’intérieur, je me suis rendue compte que beaucoup de gens aimeraient chiner, mais qu’ils étaient perdus, car habitués à voir des aménagements intérieurs où tout est fait pour aller ensemble”, explique Nafi. “Finalement, nous sommes des millions à avoir le même salon, alors que nous avons toutes et tous des aspirations et des besoins très différents. C’est totalement illogique”.
La méthode AIBI
C’est là que sa fameuse méthode intervient. Au lieu de se retrouver totalement désarçonné.e face à une table de chevet trouvée en brocante et dont il manque la jumelle, on apprend à ne plus avoir peur de dépareiller. Le tout, bien sûr, en respectant une certaine harmonie. On ne mélange pas certaines matières, comme le marbre et l’acajou, pour ne citer que cet exemple. Son livre fourmille de plein d’autres conseils pour harmoniser en osant.
Surtout, la méthode AIBI nous enjoint à imaginer une déco qui répond à nos attentes personnelles. C’est le moment d’écouter et de découvrir notre vrai “nous”, et de ne pas sauter automatiquement sur les standards qu’on nous enjoint subtilement d’adopter. Exit les décos parfaites (et pas toujours réaliste) d’Instagram. C’est vrai, qui vit dans un intérieur au blanc immaculé au quotidien ? Adieu aussi IKEA et ses modèles clichés. “Quand je demande aux gens : ‘qu’est-ce que vous imaginez pour votre salle de bain ?’, ils sont littéralement perdus. C’est comme ça que j’ai commencé à poser des questions plus introspectives : ‘Comment voulez-vous vous sentir dans votre salle de bain ? Énergique ? Calme ?'”. En creusant un peu, elle fait sortir de cette réflexion une série d’adjectifs : ancré.e, enraciné.e, belle/beau, apaisé.e… Une fois cette liste d’attributs rédigée, on peut se créer un catalogue de fournitures adaptées à ses besoins.
Pourquoi tous nos intérieurs se ressemblent ?
Il s’agit en réalité de transformer ses besoins et ses aspirations en une liste de fournitures unique. Par exemple, si vous voulez vous sentir enraciné.e dans votre salle de bain, vous opterez peut-être pour des matériaux naturels sous vos pieds plutôt que du carrelage. Cela peut consister en un tapis en jute, du sisal, ou du bambou. Si vous voulez vous sentir beau ou belle dans votre chambre, vous pouvez décider de remplacer la commode habituelle par une coiffeuse en beau bois et un joli tabouret sur lequel vous aurez envie de prendre le temps de prendre soin de vous.
Idem pour les pièces des enfants. Il suffit de demander à vos kids ce qu’ils aiment et de leur offrir un espace dédié dans leur chambre. Elle peut être super bricoleuse, et lui super artistique, par exemple. “C’est là que la récup’ prend tout son sens. Car tout n’est pas qu’un bloc. Il ne faut pas nécessairement deux tables de chevet, un lit et une armoire. En se repositionnant et en songeant à ses besoins, on peut peut-être opter pour une seule table de chevet et une bibliothèque de l’autre côté de son lit, car on aime lire”, explique Nafi. “Un couple m’a avoué dépité qu’ils ne se parlaient plus. J’ai simplement aligné les canapés face à face, alors qu’ils étaient tous les deux orientés vers la télé”.
Le marché de l’occasion rend particulièrement propice l’aménagement d’intérieur personnalisé, de par les différentes tailles, matières et possibilités qu’il propose. Nafi suggère de se rendre en brocantes ou dans des magasins de seconde main. Elle conseille surtout les ressourceries et recycleries, qu’on oublie trop souvent ou encore les magasins de dépôt-vente d’occasion ainsi que Market Place et les vide-greniers bien sûr. “Vu le nombre d’objets que nous accumulons chez nous, nous pourrions arrêter de produire du neuf pendant au moins quelques décennies”, conclut-elle.
Le guide de l’anti-fast déco.
“On parle souvent de fast-design, mais beaucoup moins de fast-déco”, affirme Nafi. “Ce sont toutes ces tendances galvanisée par les réseaux et qui meurent super vite. On achète quelque chose qui va nous faire du bien pendant un moment, mais dont on va rapidement se lasser, car il ne correspond pas à nos besoins profonds. Alors que la petite armoire chinée, c’est forcément une madeleine de Proust ! Tu ne t’en souviens pas, mais tu l’as peut-être croisée quelque part à un moment dans ta vie, peut-être chez ta grand-mère, peut-être ailleurs. Mais c’est si personnel que tu ne t’en lasseras pas”. Selon la décoratrice d’intérieur, c’est la seule façon de nous sentir heureux dans nos intérieurs. “On a tous des vécus, des talents, des goûts tellement différents. C’est la base que le lieu dans lequel on vit soit adapté à notre essence. Il n’est pas étonnant de voir autant de gens déprimés chez eux. Leur intérieur est devenu creux, il ne leur apporte rien. La méthode AIBI nous replace au centre”.
Autre défaut du fast-design pointé du doigt ? Le caractère désincarné de nombreux meubles, de plus en plus construits à partir de contreplaqué. Or, il s’agit de matériaux qui vont s’abîmer plus vite, et donc se remplacer plus vite. Commence alors le cercle vicieux. Si le prix du bois neuf est devenu impayable, de nombreux meubles de seconde main se trouvent encore à des prix accessibles. Il faut être une nouvelle fois patient.e et déterminé.e. Pour rappel, en France, ce sont 2 millions de tonnes d’ameublement qui sont jetés chaque année. On ne connaît pas les chiffres de la Belgique, mais on peut imaginer un gaspillage similaire, à l’échelle du pays bien sûr. Bref, on a définitivement tout intérêt à repenser sa maison en fonction de soi.
Pour comprendre la méthode AIBI :
3 nouvelles collabs pour les fous de déco