Quelles sont les complications possibles suite à des injections ? Comment éviter de finir avec un visage déformé ? Quels sont les médecins autorisés à pratiquer des injections ? Un chirurgien plasticien répond enfin à toutes les questions que vous vous posez sur les injections esthétiques.

Vous avez envie de recourir à des injections de produits de comblement (ou filler), mais vous hésitez encore ? Vous avez des doutes et vous posez tout un tas de questions ? Pas envie de ressembler à toutes ces femmes clonées aux pommettes et lèvres déformées ? Le Dr. Benoit Hendrickx, chirurgien plasticien de renom et fondateur d’Augmented Anatomy, répond à toutes nos questions et souligne l’importance du bon sens, tant chez les patients que chez les médecins. “Je rends beaucoup de gens instantanément heureux avec les injections de produits de comblement. Elles permettent d’obtenir de beaux résultats sans trop de risques, à condition de les utiliser à bon escient.”

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1. QUELLE EST LA DIFFÉRENCE ENTRE LE BOTOX ET LES PRODUITS DE COMBLEMENT ?

“Le botox est un relaxant musculaire. Les produits de comblement, quant à eux, sont utilisés pour combler les rides ou compenser la perte de volume due à l’âge à certains endroits du visage, ainsi que pour amplifier ou créer certaines caractéristiques anatomiques ; comme des lèvres plus pulpeuses ou des pommettes plus prononcées.”

2. À QUOI PEUT-ON S’ATTENDRE APRÈS L’INJECTION DE PRODUITS DE COMBLEMENT ?

“Parce que l’aiguille des produits de comblement est plus épaisse et insérée plus profondément que celle du botox, il est probable que vous ayez des ecchymoses après l’injection. Vous pouvez également vous attendre à des rougeurs et à un léger gonflement de la zone. Il ne s’agit pas de complications, mais d’effets secondaires normaux.”

3. QUELLES SONT LES COMPLICATIONS POSSIBLES APRÈS L’INJECTION DE PRODUITS DE COMBLEMENT À BASE D’ACIDE HYALURONIQUE ?

“D’une part, des complications nodulaires peuvent survenir lorsqu’un produit trop épais est injecté trop superficiellement, ce qui entraîne de petites boules en surface. D’autre part, dans certains cas, ces nodules ne peuvent apparaître qu’après un certain temps parce que le corps rejette en partie les produits de comblement à base d’acide hyaluronique. Si le médecin ne désinfecte pas correctement la zone et le matériel, un tissu cicatriciel peut se former, formant une sorte de “mur” autour du produit de comblement injecté. Ces granulomes, réactions cicatricielles importantes, sont généralement dus à une contamination bactérienne.”

“Le deuxième type de complications est d’ordre vasculaire. Lorsque la pointe de l’aiguille touche dans un vaisseau sanguin, le produit de comblement peut provoquer une obstruction. La peau manque alors d’oxygène et meurt. Les artères sont les plus dangereuses car leur paroi est plus épaisse et leur diamètre plus petit. Par exemple, si le médecin ponctionne mal près de l’œil ou du nez et touche une artère, le patient peut même devenir aveugle dans le pire des cas. Raison pour laquelle avec notre startup belge Augmented Anatomy, nous proposons d’effectuer une IRM unique pour cartographier l’anatomie individuelle du patient. Cela permet de visualiser les vaisseaux sanguins que le médecin peut afficher sur une application afin d’effectuer les injections au bon endroit. Parmi les autres avantages de cet outil virtuel, citons la réduction du risque d’hématomes et, en général, de la douleur, car on ne touche pas la paroi d’un vaisseau sanguin sensible.”

 

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4. PEUT-ON ÊTRE ALLERGIQUE AUX PRODUITS DE COMBLEMENT ?

“Parce que votre corps fabrique son propre acide hyaluronique, il reconnaît les molécules qui composent les produits de comblement à base d’acide hyaluronique. Une allergie n’est donc pas vraiment possible. Dans de rares cas, les patients sont plus susceptibles de présenter des complications telles que des nodules, mais cela est très exceptionnel.”

5. COMBIEN DE TEMPS LE PRODUIT DE COMBLEMENT FAIT EFFET ?

“Nous constatons que le filler ne reste pas sur tout le monde pendant la même durée. En moyenne, l’effet est visible entre 6 et 18 mois, mais il existe certaines études où l’on peut encore voir le produit de comblement sur les IRM après 7 ans. Cela dépend donc en grande partie de la vitesse à laquelle une personne décompose le matériau.”

6. QUI EST AUTORISÉ À PRATIQUER DES INJECTIONS DE PRODUITS DE COMBLEMENT ?

“La Belgique dispose d’une législation très stricte : même les médecins ne sont pas autorisés à pratiquer des injections à visée esthétique. Seuls les médecins spécialisés dans le domaine du visage – c’est-à-dire les chirurgiens plasticiens, les dermatologues et les oto-rhino-laryngologistes (ORL) – sont habilités à le faire. De plus, la formation en “médecine esthétique” n’existe pas officiellement chez nous. Nous sommes l’un des pays les plus stricts d’Europe, mais cette question est actuellement examinée par le ministère de la santé.”

7. QU’EST-CE QUE LA “MIGRATION DE COMBLEMENT” ET EST-ELLE COURANTE ?

“Le principe de la migration est que le produit de remplissage se retrouve à un endroit différent de celui prévu lors de l’injection. Dans notre visage, il y a certaines régions où cela n’est pas possible, mais dans d’autres régions, il y a des cavités, des “espaces virtuels” comme des trous – le plat qui va des tempes à la joue en est un exemple – où le produit de comblement peut migrer. Une connaissance approfondie de l’anatomie humaine est essentielle pour que le médecin sache où le produit de comblement peut être injecté et où il ne peut pas l’être. Les volumes sont également très importants : s’il suffit de compenser un certain volume, le risque de migration est beaucoup plus faible que si le patient souhaite obtenir un aspect augmenté avec des volumes plus importants. Le message est donc le suivant : il faut appliquer des volumes plus petits de manière responsable.”

8. QU’EST-CE QUE LA #FILLERFATIGUE, UN TERME POPULAIRE SUR LES MÉDIAS SOCIAUX ?

“Notre peau s’adapte au volume sous-jacent ; pensez aux seins qui se gonflent pendant la grossesse et retombent ensuite parce que le volume diminue à nouveau. Si l’on injecte de gros volumes dans des zones telles que les lèvres dès le plus jeune âge, il faudra des volumes de plus en plus importants pour conserver le même effet. Je pense que c’est l’un des risques des visages et des lèvres très prononcés et gonflés que l’on voit de plus en plus souvent : lorsque le produit de comblement disparaît, on se retrouve avec une peau ridée”.

“D’un autre côté, en tant que patient, on s’habitue très vite à l’effet du produit de comblement. Vous remarquerez plus rapidement la perte de volume et pourrez même perdre de vue votre apparence initiale après un certain temps. Cela peut créer l’envie d’en rajouter encore et encore. Il s’agit là aussi d’une forme de lassitude à l’égard des produits de comblement. C’est à nous, médecins, qu’il incombe de traiter ce problème de manière éthique et de faire passer le bien-être du patient avant tout. Et oui, cela implique parfois d’aller à l’encontre de leurs souhaits”.