“Subway shirt” ou “chemise de métro”. La tendance cumule presque 10 millions de vues sur TikTok. Et elle n’est pas franchement joyeuse.
Ce sont les New-Yorkaises qui sont à l’initiative de cette technique anti-harcèlement. Car oui, il y a un problème en ville, et on vit malheureusement dans une société où les femmes se sentent particulièrement vulnérables en tenues estivales. La solution des Américaines ? Emporter avec elles une « chemise de métro », c’est-à-dire un vêtement ample qu’elles pourront endosser en cas de regards insistants, de gestes déplacés ou de remarques sexistes. Bref, à chaque fois qu’elles devront faire face à une sexualisation abusive de leur corps. Une enquête française publiée en 2016 dévoilait d’ailleurs qu’une femme sur deux avait déjà modifié sa tenue au moment de prendre les transports en commun afin d’éviter des gestes déplacés.
@rae.hersey Just know if you see me in a white button down, the real fit is underneath 💅🏼 #subwayshirt #nyc ♬ Applesauce – Mark Fabian & Alexander Smith & George King & RK Masters
#subwayshirt
Sur TikTok, les vidéos montrant des femmes en train de rire jaune à propos de leur « Subway shirt » s’enchaînent. Certaines optent pour un long trench coat même par 30°C, d’autres pour un t-shirt oversize qui descend jusqu’à leurs genoux. Quand elles arrivent à leur lieu de rendez-vous, elles peuvent enfin retirer tout leur attirail. Une réponse inquiétante puisqu’elle culpabilise les femmes, mais surtout révélatrice des violences sexistes persistantes et de l’absence de prévention et de réponse pénale adaptées.
@itssophiemilner I didnt realise everyone else did this too 🥲 its a huge problem in london. Theres so many outfits ive just never worn out, or had to change so much, just because i knew people would make me feel uncomfortable for wearing it – be it catcalling or stares. #catcalling #subwayshirt #tubeshirt #subwayoutfit #tubeoutfit #ootd ♬ A work of art by s_johnson_voiceovers – Stefan Johnson
“C’est un moyen de protéger ma sécurité en allant du point A au point B. Je ne veux pas devenir une cible, aussi bizarre que cela puisse paraître !”, expliquait l’influenceuse Claire Wenrick au Guardian. “J’aimerais ne pas avoir à en porter un et qu’il soit sûr de pouvoir porter ce que je veux. J’ai l’impression de revenir à un code vestimentaire de collège en tant qu’adulte – continuer à m’habiller pour que les hommes me laissent tranquille”. Certaines ont préféré utiliser l’ironie en détournant ces vidéos virales en contenus “humoristiques” afin d’éviter le “victim blaming”.
@itssophiemilner I didnt realise everyone else did this too 🥲 its a huge problem in london. Theres so many outfits ive just never worn out, or had to change so much, just because i knew people would make me feel uncomfortable for wearing it – be it catcalling or stares. #catcalling #subwayshirt #tubeshirt #subwayoutfit #tubeoutfit #ootd ♬ A work of art by s_johnson_voiceovers – Stefan Johnson
Le harcèlement de rue, ce fléau
Si certains aiment encore se convaincre que l’ère de l’égalité homme-femme a enfin sonné. Il n’en est rien. Il n’y a qu’à se pencher sur les chiffres affolants de l’enquête Plan international menée en Belgique en 2021. 95% des signalements de harcèlement sexuel proviennent de femmes. Une femme sur dix serait d’ailleurs victime de harcèlement de rue. 31% des cas de harcèlement se produisent lorsqu’elles marchent dans la rue, 15% dans les transports en commun et 17% lors d’une activité de loisir, comme une sortie ou une promenade au parc. Et si 31% des filles disent avoir été harcelées le soir, selon 25% d’entre elles, cela peut arriver à tout moment.
Interrogée par Le Parisien, Léa Bages, directrice du cabinet français de conseil et de formation « Égalité à la page » conclut : « C’est quand même dommage qu’en 2023, après MeToo et autant de périodes de libération de la parole et de prises de conscience, les femmes continuent de cacher leur corps et de modifier leur apparence de façon à être plus invisibles dans l’espace public parce qu’elles ne se sentent toujours pas en sécurité. »
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