Violette c’est l’électron libre du make up. Rencontre.
Est ce que vous avez toujours été fascinée par le monde de la mode et de la beauté ?
Pas du tout, ça n’a jamais été mon truc. Mais j’ai une formation artistique, j’ai fait des écoles d’art dès l’âge de trois ans. J’ai fait l’école du Louvres, j’ai travaillé avec des pigments, j’ai appris à créer une dimension sur un visage sur des toiles complètement plates et je pense que cela m’a appris mon métier.
Le néo classicisme et la renaissance italienne m’ont appris à faire des peaux transparentes, le pop art et l’art moderne à travailler les couleurs. J’ai également fait du stylisme, mais je n’aime pas le tissus, c’est une matière morte pour moi.
Je n’ai pas fait d’école de maquillage, je n’ai assisté personne. Un jour j’ai maquillé une amie pour une soirée déguisée, je lui ai fait un masque de paillettes et j’ai eu une révélation. Le maquillage, c’est habiller et peindre un visage, cela combine mes deux formations…
Comment votre carrière a-t-elle débutée?
Je suis partie à New York pour tester mon potentiel, faire mon truc puis en rentrant à Paris j’ai été voir un agent, sans stress, en me disant que si ça ne marchait pas ce n’était pas grave. Il a cru en moi et j’ai commencé à bosser.
Des petits boulots pour le Vogue US et puis un jour, j’ai obtenu un rendez-vous avec Carine Roitfeld qui m’a dit : « j’aimerais voir ton travail en dehors des limites que les autres t’imposent. Sois libre, fais ce que tu as envie de faire. Fais moi cinq séries comme si tu bossais pour Vogue France ! ». J’ai bossé non stop pendant trois semaines, j’ai produit, casté 120 mannequins, choisis des jeunes photographes… J’ai fait maqueter le tout comme un grand livre et je l’ai déposé à la réception. Deux heures après Carine m’a appelé en me disant qu’elle trouvait ça canon.
Elle a validé mon travail et à balayé tout ce que mes agents me disaient : « sois plus commerciales etc… »
Est ce qu’il y a un make up artist que vous admirez particulièrement ?
Ce sont plutôt les peintres qui m’inspirent. Kandinsky, Soulages et sa façon de travailler les noirs… Mais j’ai beaucoup d’admiration pour Pat McGrath. Elle aime les femmes, cela se voit dans son travail. Il y a une telle émotion et une telle sensibilité dans ses make-up, ce n’est jamais superficiel. Je suis généralement plus sensible aux maquillages réalisés par des femmes. On ne veut pas les déguiser, on travaille avec elles, on ne les cache pas.
Selon moi, dans un maquillage il doit toujours y avoir de l’émotion. Mon petit truc pour créer cette émotion c’est de mettre un peu de baume à lèvres au ras des cils. Cela va créer une brillance et indirectement, sans savoir ce que c’est, en regardant la photo, une émotion va ressortir du visage.
Pourquoi Violette?
Ah ah ah j’ai des parents hippies. Je m’appelle Violette Lila Rose. Quand j’étais petite je disais que je m’appelais « Fleur », un bon résumé des trois.
Et quand je suis arrivée chez Dior, la première chose que l’on m’a dite c’est que le violet était l’une des couleurs préférées de Christian Dior…jolie coïncidence.
Quel est votre rituel beauté ? Quels sont les produits dont vous ne pouvez vous séparer ?
Je suis fidèle à Joëlle Ciocco, le « Docteur House de la peau ». Quand tu entres dans son cabinet, elle t’engueule, elle te scrute à la loupe, elle t’interdit de te toucher le visage…
Donc je me démaquille au doigt, avec un lait. Je masse pendant trois minutes, je rince à l’eau pour qu’il ne reste plus rien. Ensuite j’applique une lotion apaisante. Après j’utilise des ampoules de Sélénium et de Manganèse que normalement il faut boire. Je les mets sur ma peau, je la fais boire
Par dessus je mets un gel qui lutte contre le stress, la pollution, la malbouffe car j’ai une peau réactive et sensible et il faut l’apaiser.
Pour le maquillage : un peu d’anticernes, un peu de poudre solaire légèrement irisée pour rehausser le teint. Et un blush. Mon préféré c’est le rouge à lèvres Dior Addict car c’est une gelée. Il ne camoufle pas ta peau, il laisse juste un voile de pigments et son côté glowy va accrocher la lumière et faire des pommettes un peu bombées. Sur la bouche, le Russian Red de Mac.
Quelle est la différence entre maquiller un mannequin pour un édito de magazine et maquiller une actrice pour un événement comme le Festival de Cannes ?
C’est très différent. Pour un édito le mannequin doit être neutre, pas transparente, attention c’est important qu’elle existe, mais neutre pour permettre au maquilleur, au styliste au photographe de construire une histoire autour d’elle. Elle va être une source d’inspiration, mais on va pouvoir construire n’importe quel univers autour.
Une actrice possède un univers, il faut adapter ta façon de travailler en fonction d’elle. Il faut d’abord comprendre qui tu as en face de toi. Mon rôle va être de pousser son potentiel au maximum dans cet univers qui lui est propre. Je dois la sublimer, pas la déguiser.
Quels sont les produits make up qu’une femme doit absolument posséder ?
Avec un crayon noir et un rouge à lèvres tu peux te faire un maquillage complet.
Le crayon noir tu peux l’utiliser dans les cils comme mascara, tu peux te faire un smoky en l’estompant avec le doigt, et tu peux tracer un trait d’eyeliner. Tu peux également dessiner les sourcils en faisant des petits points et en estompant.
Le rouge à lèvres tu l’utilises comme blush, fard à paupières et rouge à lèvres.
Quels sont les plus erreurs à ne surtout pas faire en maquillage ?
Les règles me hérissent le poil ! Dire à une fille qui a les yeux verts qu’elle doit porter du fard à paupière prune c’est nul !
Un jour j’accompagne ma meilleure amie actrice au Festival du Film de Deauville, je n’avais pas envie de bosser, elle booke donc une maquilleuse et je décide d’observer. Ma copine est une rousse magnifique qui n’a besoin que de très peu de make-up. Je craque et je conseille en toute innocence à la maquilleuse de poser juste un peu de fard au doigt sur ses yeux. La nana me répond : « on ne maquille JAMAIS au doigt ! » J’ai eu envie de hurler. Nous ne sommes pas des esthéticiennes. On se lave consciencieusement les mains entre les applications, mais il ne faut pas abuser. C’est sans doute un truc qu’on apprend à l’école.
Et l’autre truc qui m’horripile c’est : « tu as la peau jaune on va te mettre une base rose ». Pourquoi en fait ? Il faut tirer avantage de ce que tu as. Je n’aime pas l’idée de se perdre soi même.
Et les plus gros « beauty faux-pas » ? Est ce qu’il y a quelque chose de pire qu’un rouge à lèvres clair avec du crayon foncé ?
Je ne sais pas, je ne crois pas… Quand je suis dans le sud et que je vois une « cagole » qui s’est donné du mal, qui s’est fait les sourcils, qui porte une ombre nacrée, des faux cils, un trait de crayon à lèvres trop prononcé, la french sur faux ongles carrés… Honnêtement ça m’inspire. C’est leur vision de la féminité et pourquoi elle serait moins bien que la mienne. Qui suis-je pour dire ce qui est beau ou ce qui ne l’est pas ? Elles célèbrent leurs féminités, elles s’amusent comme des petites filles. Ça fait du bien car dans la mode on se prend tellement au sérieux.
Mais bon j’avoue que les sourcils trop épilés en arc, ce n’est pas possible.
Un produit qu’il y a toujours dans votre trousse du maquillage ?
Un anticernes (le star qui sort en septembre) et un rouge à lèvre Dior Addict que j’utilise comme blush.