À mon humble avis, Rose Bertram est la plus belle des roses. La Courtraisienne – qui, après avoir mis sa carrière entre parenthèses, se retrouve en couverture de ELLE – accueille le compliment avec un petit rire. Aujourd’hui, elle s’épanouit en combinant sa carrière de mannequin et son rôle de mère. Conversation en toute décontraction.

En général, lorsqu’on se retrouve face à Rose Bertram (29 ans), la confiance en soi en prend un coup. Quand je la vois apparaître à l’écran lors de notre entretien Zoom, je n’échappe pas à la règle. Vêtue d’un confortable peignoir, elle rassemble ses fameuses boucles en chignon. Elle ne porte pas la moindre trace de maquillage, mais est resplendissante. Et pourtant, elle n’a cessé de voyager depuis deux semaines, entre le Festival de Cannes et Alicante, en Espagne, où s’est déroulée la séance photo pour le ELLE. « Je ne peux plus voir de vêtements », sourit-elle en référence aux nombreuses séances d’essayage et de stylisme auxquelles elle a participé.

Elle est donc heureuse d’être de retour chez elle, à Amsterdam, où elle a partagé ses joies et ses peines pendant des années avec son ex, l’ancien footballeur professionnel Gregory van der Wiel, et leurs deux filles Naleya (6 ans) et Zaylee (3 ans). Rose a manifestement manqué à cette dernière, car elle ne quitte pas une seconde sa maman de tout l’entretien. Et tout en tartinant une Cracotte, la jeune femme répond à ma première question avec une concentration que seule maîtrise une mère expérimentée. Je lui demande si elle a encore des liens avec la Belgique, car je ne perçois pratiquement pas son accent de Flandre-Occidentale. « La Belgique sera toujours ma patrie, mais je n’y vais plus que rarement. Je suis déjà si souvent en déplacement que je préfère que ma famille me rende visite aux Pays-Bas. » Quand elle va à Courtrai, sa ville natale – « pour voir pépé » –, elle se sent à nouveau comme la jeune fille qui prenait le train pour aller à Anvers faire du shopping sur le Meir avec des amies. « À l’époque déjà, je savais que l’avenir me réservait de grandes choses. »

Come-back

Et elle avait raison. Stephanie Rose Bertram – de son nom complet – avait à peine 13 ans lorsqu’elle a décroché sa première cover, pour Victor. Depuis, elle est également apparue en couverture de nombreux magazines de mode renommés : Grazia, Glamour, Cosmopolitan, Esquire, Numéro, Vogue Nederland… et cet été ELLE Belgique donc. « C’est mon premier éditorial en cinq ans. C’est une nouvelle ère qui commence pour moi, je le sens dans toutes les fibres de mon être. J’ai rencontré Iris et Stephen (la directrice artistique et le photographe de ELLE, NDLR) il y a 12 ans lors d’un shoot pour un autre magazine flamand. Quand je les ai revus ce week-end, ils m’ont dit : “Maintenant, tu es vraiment une femme !” Et c’est vrai : je fais mon retour comme mannequin, mais aussi en tant que femme, mère, entrepreneuse, etc. »

Bien qu’elle ait mis son activité de mannequin en veilleuse ces dernières années, elle est toujours un peu restée sous le feu des projecteurs. Sa relation avec Gregory van der Wiel l’a rendue extrêmement populaire chez nos voisins du nord, elle a signé avec l’emblématique Sports Illustrated et, en tant qu’influenceuse ayant plus d’un million de followers sur Instagram, elle est régulièrement invitée lors d’événements et de fashion weeks. Aujourd’hui, elle n’a qu’un seul objectif : donner un nouveau souffle à sa carrière de mannequin. Elle rêve d’un show comme ceux de Victoria’s Secret. La conviction qu’elle affiche en disant cela ne laisse planer aucun doute : je suis face à une Ange 2.0. « Je n’abandonne jamais. Je crois que si on veut quelque chose et qu’on s’y consacre à 100 %, on peut y arriver. » Selon elle, Rose doit sa détermination à sa mère africaine, et son sens des réalités et de l’organisation à son père belge. « Le mélange idéal ! »

Rose Bertram

Rose Bertram – © Stephen Mattues – Stylisme Delphine Dumoulin

Trop commercial

Son tempérament et son impassibilité se sont révélés de précieux atouts pour la jeune Rose Bertram. On lui a dit plus d’une fois que, du haut de son 1,70 m, elle n’était pas assez grande pour devenir mannequin. Qu’elle ne possédait pas les bonnes mensurations. Que son look était trop commercial. « Vous savez, il ne faut jamais me dire que je ne réussirai pas quelque chose, je ne l’accepte pas. J’ai donc travaillé sur mes propres shoots et j’ai emporté mon book de mannequin dans des agences à Paris, Londres, New York… Et cela a porté ses fruits. » La couverture de Vogue Nederland sur laquelle elle est enceinte est à ses yeux un de ses moments forts. Tout comme sa collaboration de trois ans avec Sports Illustrated. « Ils ont su apprécier mes formes (rires). »

Look commercial ou non, Rose Bertram est une mannequin comme on les aime. Elle n’est pas obnubilée par le sport (qu’elle ne pratique souvent pas plus d’une fois par semaine) et admet volontiers ne pas boire que de l’eau à longueur de journée. En revanche, elle insiste beaucoup sur des soins du visage de qualité. « Avant, je mettais une crème et basta. Mais aujourd’hui, j’adore prendre soin de ma peau. J’applique régulièrement un masque, même quand je suis dans l’avion. Et lorsque je rentre chez moi après un voyage mouvementé, je me précipite dans un sauna infrarouge pour me débarrasser de toutes ces toxines. »

Rose Bertram

Rose Bertram – © Stephen Mattues – Stylisme Delphine Dumoulin

Une jeunesse difficile

En général, le mannequin n’est jamais loin de chez elle plus de trois jours. Surtout maintenant que ses filles vont toutes les deux à l’école et ne peuvent plus l’accompagner facilement en voyage. « Même si je dois aller à New York, je fais mon travail et reprends directement l’avion. Mais je suis désormais sereine quand je suis en déplacement : nous pouvons compter sur une baby-sitter qui nous côtoie depuis des années et les filles ont un papa formidable. » A-t-elle beaucoup changé depuis qu’elle est maman ? « Absolument ! On apprend à jongler avec toutes sortes de choses. Cela m’a aidée à mûrir et à être plus sûre de moi. Quand on est maman, on devient une version plus forte de soi-même. C’est la raison pour laquelle je suis si soulagée d’avoir eu des enfants assez jeune. J’ai un peu moins de 30 ans et je suis fin prête pour un come-back ! »

Outre ses activités de mannequin, Rose travaille actuellement sur un documentaire avec Jonathan de Jong, qui s’est fait connaître avec son film sur la démence : « Human Forever ». Si vous espériez un regard exclusif sur la vie glamour de Rose Bertram, ses robes de créateurs, ses nouveaux amants et ses amis célèbres comme les Kardashian, vous allez être déçus. Dans une précédente interview accordée à Vogue Nederland, elle a révélé que le film aborderait principalement son enfance difficile, marquée par la toxicomanie de ses parents. N’est-ce pas difficile d’être aussi vulnérable quand on est sur le devant de la scène ? « En tant que personnalité publique, on ne souhaite bien sûr pas que des choses négatives soient écrites à son sujet. J’ai essayé pendant des années de dissimuler cette part de moi-même, mais pourquoi ? Je suis celle que je suis grâce à ce que j’ai vécu. Tout le monde a le droit de savoir, en particulier les jeunes filles qui m’admirent. Je ne veux pas donner une image unilatérale et qu’elles pensent : oh, elle est mannequin, elle va dans les plus beaux endroits du monde, elle a été en couple avec un footballeur… J’ai effectivement une belle vie, un véritable rêve parfois, mais elle a aussi une face cachée. Mon père est mort il y a quelques années parce qu’il était mêlé à des milieux peu recommandables et ma mère lutte toujours contre la toxicomanie et des problèmes mentaux. En réalité, je suis la mère de mes deux filles, mais aussi de mes deux demi-sœurs et de moi-même. C’est lourd à porter. Aujourd’hui, je l’ai accepté et j’espère aider d’autres personnes en racontant mon histoire. C’est brutal, certes, mais Rose, c’est ça aussi. »