Eddy de Pretto est en feu. Avec Crash Cœur+ (la réédition sortie le 1er novembre), il nous fait redécouvrir un album viscéral, entre mélodies envoûtantes et textes coup-de-poing. L’enfant terrible de la chanson française explore les zones troubles du désir et des blessures qu’il laisse derrière. C’est cru, c’est beau, et ça prendra vie sur scène le 5 décembre à Forest National. On l’a rencontré pour parler passion, chaos et renaissance.
Dans ta première interview pour ELLE Belgique en 2021, tu disais que “s’accepter, c’est le taf d’une vie”. Où en es-tu aujourd’hui avec cette quête personnelle ?
Ça n’a pas bougé, je dirais exactement la même chose. J’aime bien voir les albums comme des tatouages : chaque album est un moment de vie que j’écris, que je vis pleinement. Parfois, on peut regretter des choses ou évoluer sur certains sujets. Mais s’accepter, c’est le rôle d’une vie. C’est un travail constant d’apprentissage, de compréhension de soi avec nos mécanismes, nos histoires, et nos merdes du quotidien.
Si CrashCœur reflétait tes émotions d’il y a un an, qu’est-ce que CrashCœur+ révèle de nouveau sur toi ?
C’est dans la même lignée. Ce sont des titres écrits pendant la même période que CrashCœur. J’écris toujours beaucoup avant de sortir un album, et ces chansons-là me disaient : “Sors-moi, sors-moi !”. Avec la tournée qui démarrait et l’album qui avait été bien accueilli, je me suis dit que c’était le bon moment pour les sortir. Ça parle aussi de quête de soi, de savoir sur quoi on se relève, et de l’amour comme réponse. Et puis Instable, le tout dernier titre, pour moi, c’est l’ouverture d’une nouvelle porte pour la suite.
Tu parles d’amour et de tendresse. Cet album, plein d’espoir, arrive dans un contexte difficile. En quoi peut-il résonner comme un antidote à cette époque ?
L’amour est le plus bel antidote qu’on puisse posséder en tant qu’humain. Quand je suis sur scène et que la musique commence, je vois des sourires, des larmes, des émotions brutes sur les visages. La musique, c’est ça : un passage d’émotions. En mettant bout à bout des petites choses qui nous font du bien, on trouve cet antidote qu’on cherche tou·te·s, je crois.
Tu t’es fait connaître avec des textes forts sur des sujets de société comme l’homophobie ou la masculinité toxique. À quel moment as-tu réalisé l’impact de tes mots sur les gens ?
Assez radicalement dès le début. Le texte, pour moi, c’est quelque chose de singulier, de profond, d’intime. J’ai très vite compris que cette plume allait m’offrir beaucoup de choses. Ça a toujours été important pour moi. La musique, c’est cool, le divertissement aussi, mais le texte, c’est ce qui me nourrit le plus, ce qui me procure le plus de plaisir, surtout quand je suis sur scène et que je vois ce que ça peut apporter aux gens.
Les réseaux sociaux : ça t’inspire ou ça te pèse ?
Ça me pèse. J’en parlais avec mon petit cousin qui veut un téléphone à 10 ans. Je lui ai dit : “Non, c’est du poison ce truc !”. Alors oui, dans mon métier, ça me permet de communiquer directement avec les gens, et ça, c’est génial. Mais c’est aussi un poison, car on galère à gérer ces outils au quotidien. J’aimerais pouvoir mieux contrôler leur impact sur moi, mais c’est souvent l’inverse.
Ta relation avec la mode a-t-elle évolué ?
Oui, je crois. J’ai aiguisé mon regard. Je viens d’un milieu dans lequel la mode et les marques étaient assez abstraites. Mais à force d’aller à des défilés et à des événements, j’ai appris à reconnaître ce que j’aime, ce que je n’aime pas, et surtout pourquoi.
On t’a découvert dans l’émission Popstars sur Prime Vidéo en tant que juré aux côtés de Louane et Alonzo. Qu’est-ce qui t’a convaincu d’y participer ?
L’expérience, tout simplement. J’aime la pédagogie, voir ce que peut faire la nouvelle génération, et suivre leur ambition. Dans Popstars, il y a ce truc de production, où l’on crée un groupe de toutes pièces et on essaie de capter une synergie, une identité commune. C’était vraiment enrichissant, comme un travail d’experts en laboratoire.
Si tu avais eu l’opportunité de participer à une émission comme celle-ci à tes débuts, l’aurais-tu fait ?
Alors, étonnamment, pas du tout. J’avais besoin de temps pour trouver ma plume, savoir comment me présenter médiatiquement et ce que je voulais raconter. Ces émissions ouvrent beaucoup de portes, mais moi, j’avais besoin de ce temps pour me construire avant de me montrer.
Parmi tes différentes casquettes – chanteur, compositeur, metteur en scène –, qu’est-ce qui t’excite le plus ?
La mise en scène. J’adore scénographier mes spectacles. J’espère un jour le faire pour d’autres artistes ou même pour le théâtre. Pour moi, un concert, ce n’est pas juste de la musique, c’est une proposition artistique complète.
Il paraît qu’on te verra bientôt au cinéma ?
Je commence à tourner, et c’est vraiment une nouvelle aventure pour moi. Il y a notamment un film à Bruxelles où je joue le rôle principal. C’est un film noir où mon personnage traque et piège des pédocriminels. C’est un sujet politique assez lourd, mais c’est aussi ça qui m’a convaincu d’accepter. C’est la première fois que je me retrouve devant une caméra de cinéma, donc il y a un vrai défi là-dedans. On tourne principalement à Bruxelles, en janvier et février, mais la préparation a déjà commencé. J’y passe beaucoup de temps pour m’imprégner du rôle et me préparer au maximum. Ce projet me pousse à sortir de ma zone de confort et à explorer un autre type de narration que celle que je connais avec la musique. Franchement, j’ai trop hâte de voir ce que ça va donner !
Quand tu regardes ton parcours depuis Cure, de quoi es-tu le plus fier ?
D’avoir fait trois albums et de remplir des Zéniths. Pour moi, ces grandes salles, c’est un peu un objectif dans ma vie. Je m’épanouis tellement dans ces espaces, et après trois albums, voir que les gens sont toujours là, même de plus en plus nombreux, ça me rend vraiment heureux.
Tu t’apprêtes à monter sur la scène de Forest National. Tu penses quoi du public belge ?
Je l’adore ! À chaque fois que je viens, l’accueil est incroyable. Je me souviens d’un concert à l’Ancienne Belgique, dans la salle rouge, où j’ai été choqué par l’accueil. C’était sans pudeur, hyper sincère. Les Francofolies de Spa et Ronquières aussi, c’est toujours mémorable. J’ai un vrai lien particulier avec le public belge.
Ton feat de rêve ?
J’ai déjà fait des feats que je rêvais de faire, comme avec Juliette Armanet et Yseult. Si je devais rêver grand, je dirais Rosalía.
Le conseil que tu te donnerais au début de ta carrière ?
Ne suis aucun conseil. J’ai toujours fait comme je le sentais, et je pense que c’est pour ça que je suis heureux aujourd’hui.
La réédition de son album CrashCoeur+ est disponible sur toutes les plateformes d’audio depuis le 1er novembre.
Eddy de Pretto sera en concert à Forest National le 5 décembre.