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Non, ce n’est pas Eli. Mais demain, on fera ses courses sur des écrans. Même en boutique.

Quand Elisabeth Clauss débarque dans la boutique de demain, au cœur de Munich, elle réalise que le monde a déjà changé…

C’est un showroom, un magasin expérimental, qui concentre les innovations technologiques que les marques commencent déjà à s’arracher. Développée par Service Plan, la plus grosse agence de com’, de recherche et de développement allemande (BMW est leur client), weShop couvre environ 30 m². Un mouchoir de poche où l’on découvre les enjeux du shopping des trente prochaines années. Le shopping, a priori, je connais. Je possède 150 paires de chaussures, dont aucune pour marcher, 50 robes avec lesquelles je peux à peine m’asseoir, et ça fait 10 ans que je n’ai pas porté un jean qui ne me scie pas le bas-ventre. Alors, quand on m’a proposé d’explorer la science-fashion, la conso de l’avenir, j’ai laissé ma carte bleue en Belgique, et j’ai pris un avion pour Munich.

J’ai été accueillie dans les locaux de Service Plan, avec visite de la galerie d’art interactive et mur d’escalade pour les employés. Magnifique, mais je voudrais voir la boutique. Aux olympiades du shopping compulsif, je suis triple médaillée d’or, fauchée consentante, et dans les starting-blocks. À vos marques (de luxe), prêtes, achetez !

Je passe devant un panneau d’affichage publicitaire. De ceux qui déroulent une affiche différente toutes les dix secondes. Et je découvre que, dans le futur, parce que nos habitudes de consommation seront répertoriées dans des bases de données grâce à notre smartphone, via le bluetooth et l’application iBeacon développée par Apple, le panneau nous causera directement.

« Bonjour Eli, regarde un peu cette paire de bottes blanches qui irait si bien avec la robe bleu marine que tu t’es offerte il y a quinze jours. Scanne le QR code. »

Soit on la commande (et la paye !) direct, soit on nous indique la boutique la plus proche. On passe à plusieurs devant l’affichage ? Il capte le bluetooth le plus proche de lui. Le panneau s’adresse à nous, et on n’a plus qu’à tomber dedans.

Là, vous vous dites : « On reste libre de brancher ou non sa connexion internet. » Mais ces applis ont été développées, entre autres, par Apple. Vous ne vous déconnecterez pas. Croyez-moi.

Même principe pour les vitrines des magasins. Aujourd’hui, c’est-à-dire au Moyen Âge du shopping, on y place des vêtements en tissu sur des mannequins en plastique. Demain, des écrans replaceront les portants, pour nous proposer des tentations sur mesure. Avec prix adaptés pour nous fidéliser, puisque nos données perso (avec une politique de confidentialité différente selon les pays) permettront de nous tailler des offres sur mesure : étudiant, famille nombreuse, célibataire (plein pot ?). Chez Service Plan, on m’explique que ces services de shopping personnalisé répondent à une demande des commerçants, excédés que les clients viennent essayer les pièces chez eux avant de les commander, pour moins cher, sur internet. Amazon a même développé une appli éponyme, qui permet de scanner une étiquette pour savoir si le même produit est disponible moins cher sur la toile. C’est de bonne guerre, le flux du trafic sur le web fait vase communicant avec les points de vente physiques. Les boutiques doivent réagir avant de se vider complètement, et l’avenir du retail (la vente au détail), ce seront plein de petits points de vente disséminés dans un quartier, et non plus un gros magasin très cher à entretenir au centre-ville. Dans ces mini showroom, on pourra essayer les vêtements, les toucher, les acheter (ça, vous pouvez être tranquilles !) mais pas les emporter. Il s’agira d’échantillons, le produit réel nous sera livré dans la journée, dans la taille et la couleur désirées. Moins de stock (tout sera centralisé), moins de logistique, moins d’employés. Théoriquement, un prix plus bas.